Plutôt que de s’attaquer aux entreprises qui marchent, améliorons le service public!

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L’une des premières décisions marquantes de l’exécutif socialiste de la nouvelle région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes aura donc été d’attaquer en justice des entreprises privées pour protéger un service public à la gestion déficiente. Le président de Région a ainsi demandé à l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (ARAFER) l’interdiction ou la limitation de quatre lignes d’autocars ouvertes dans le cadre de la loi Macron : Poitiers/Niort, Brive-la-Gaillarde/Périgueux, Limoges/Brive et Mont-de-Marsan/Pau.

Ce recours démontre que pour une Région prétendument amie des entreprises, les bonnes initiatives du secteur privé pèsent bien peu lorsqu’il s’agit de faire l’autruche et oublier les dysfonctionnements des lignes de TER.

Le Conseil régional étaye son recours par l’argument selon lequel les nouvelles lignes d’autocars risquent « de porter atteinte à l’équilibre économique de certaines lignes de TER ». C’est donc reconnaître sans plus d’ambages que ces lignes routières, puisqu’elles sont plus attractives et menacent les TER, offrent aux citoyens un meilleur service, pour un meilleur prix. Mais pour l’exécutif régional, que le privé puisse parfois faire mieux que le public, c’est intolérable !

La concurrence a ainsi cela de bon qu’elle met en lumière les échecs de la politique régionale des transports. Tous les usagers savent pertinemment que les lignes dont la Région a demandé l’interdiction ou la limitation comptent parmi les liaisons où le service TER est le plus déficient : plus de 8 % de trains connaissent ainsi des retards sur la ligne Périgueux-Brive. La fréquentation de cette même ligne, est non seulement dérisoire – de l’ordre de 7,1 millions de voyageurs-kilomètres en 2014, à comparer avec les 81,2 millions de la ligne Bordeaux-Périgueux – mais a fort logiquement baissé de 8 % depuis 2007.

Quant à la ligne Mont-de-Marsan/Pau, dont la Région demande la limitation, nous avons du mal à comprendre ce choix, puisqu’il n’existe pas de ligne TER lui correspondant – les usagers étant contraints pour effectuer un tel voyage de suivre un itinéraire compliqué empruntant aux lignes passant par Morcenx, Dax, Puyoô et Pau.

L’interdiction de ces lignes constituerait également un frein considérable apporté au désenclavement des territoires, à l’équilibre et à l’attractivité économique de notre Région. Autant de sujets faisant pourtant l’objet de vraies attentes de la part des citoyens, comme l’a encore souligné la dernière campagne !

Nous nous opposons donc à cette vision dépassée du service public, au nom de laquelle les citoyens se voient imposer une prestation plus chère et moins performante. N’oublions pas que si à l’origine les lignes d’autocars ont été libéralisées, c’est parce qu’elles représentent une vraie opportunité pour les personnes bénéficiant de faibles revenus, en leur permettant de se déplacer pour un prix bien inférieur à celui du ferroviaire. Le président de la Région ne louait-il pas d’ailleurs, en tant que député, le « courage et l’opiniâtreté » du gouvernement au sujet de la loi Macron, qualifiée de « réforme indispensable au redressement du pays » ?

Plutôt que de s’en prendre aux initiatives privées qui marchent et répondent aux besoins des gens, l’exécutif régional serait donc bien plus inspiré de s’atteler à la mission pour laquelle il a été élu : l’amélioration de la gestion et de l’efficacité du service public ferroviaire.