Motion Usine de Fumel - Marie Costes

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Le lundi 4 juin 2018, le tribunal de commerce a prononcé la liquidation de Métal Aquitaine à Fumel dans le Lot-et-Garonne. Métal Aquitaine était la dernière incarnation de l’usine de Fumel qui avait vu le jour en 1847 en raison de la présence importante de minerai sur le territoire et de sa localisation en bordure du Lot.

Très vite, l’usine prend une ampleur importante afin de répondre aux besoins en matière sidérurgique, suscités par la construction des chemins de fer. Après avoir progressivement diversifié sa production puis s’être spécialisée dans la construction de tuyaux, l’usine, propriété de la Pont-à-Mousson, emploie près de 5500 personnes en emplois directs ou indirects, dont 3000 sur site dans les années 1960-1970. C’est à cette période qu’elle réalise son chef-d’oeuvre d’acier, en 1977, avec les 28 tubes de 49 mètres de haut et 85 cm de diamètre pour le centre Beaubourg.

Son déclin s’amorce dans les années 1980 puis dans les années 1990. Elle change de nom au gré du changement de ses investisseurs et voit les plans de licenciements se multiplier. Le nombre de salariés baisse à chacun de ces plans jusqu’à tomber à 38 à l’occasion du dernier projet Métal Aquitaine.

En soi, la fermeture définitive de ce site industriel historique de la ville relève donc aujourd’hui davantage du symbole. Mais, cette issue, aujourd’hui fatale, formalise un processus enclenché depuis des décennies sur le territoire. Elle fait, en outre, écho à une autre fermeture, celle des Parquets Marty (devenus Tarkett Bois en 2011) en 2015 où 550 salariés se sont retrouvés sans emploi. Autrement dit, c’est tout un territoire qui, en quelques années, a vu une économie reposant sur l’industrie s’effondrer.

Certes, le tableau dans le Fumélois n’est pas entièrement noir. L’agroalimentaire emploie près de 400 personnes sur 3 entreprises avec notamment une fromagerie en plein développement. La briqueterie séculaire de Monsempron-Libos connaît un regain d’activité depuis près de deux ans. Pas suffisant cependant pour compenser l’effondrement de tout un pan de l’économie locale.

En quête de nouvelles ressources économiques susceptibles d’accompagner la reconversion de tout un bassin de vie, les collectivités multiplient les initiatives.

La municipalité de Fumel a ainsi mis l’accent sur la revitalisation de l’Avenue de l’usine, laquelle fait écho à une politique tournée vers le tourisme industriel. Cette longue artère qui traverse une partie de la ville est le témoin privilégié de l’histoire industrielle de Fumel.

Ce projet structurant visera à redessiner le visage de la ville tout en conservant son patrimoine historique. Construit en concertation avec une population qui considère que cette avenue fait partie intégrante de l’identité de la ville, ce projet a pour ambition d’intégrer des espaces peu à peu délaissés afin de créer une nouvelle dynamique.

Cette tendance s’est déjà matérialisée par la construction de la nouvelle caserne des sapeurs-pompiers, l’installation d’un pôle économique et d’un pôle petite enfance. Une maison de santé pluridisciplinaire va prochainement sortir de terre ainsi qu’une maison de santé privée. Par ailleurs, vont être réalisés de nouveaux espaces verts, meublés de pièces de fonderie, en lien avec la Voie Verte créée sur l’ancienne voie ferrée.

La communauté de communes Fumel-Vallée du Lot, aujourd’hui propriétaire des murs de l’usine et de la Machine de Watt, a quant à elle, démarré, avec le soutien de la Région, les études pour la valorisation de la machine de Watt et du site de l’usine qui s’étend sur 20 hectares et qui se trouve géographiquement en plein coeur de la ville de Fumel et de la communauté de communes Fumel-Vallée du Lot.

L’annonce de la fermeture du site de l’usine pose aujourd’hui de nouvelles questions.

Cette parcelle de vingt hectares en plein coeur de ville appelle une plus large réflexion sur la reconversion du site en lien avec cette avenue. Depuis plusieurs années, il est envisagé de créer un pôle de tourisme industriel autour de la machine de Watt.

Celui-ci a été intégré dans le projet de rénovation de l’avenue avec également un parc à tuyaux mais ceci ne représente à peine que trois hectares.

L’investissement consenti par la municipalité pour remodeler le visage de cet espace est forcément limité alors que la localisation de l’usine est susceptible de concrétiser des projets valorisants pour l’histoire de la ville et porteurs pour l’économie locale.L’investissement consenti par la municipalité pour remodeler le visage de cet espace est forcément limité alors que la localisation de l’usine est susceptible de concrétiser des projets valorisants pour l’histoire de la ville et porteurs pour l’économie locale.La concrétisation d’une pépinière d’entreprises dédiées à l’industrie ou la construction d’un centre de formation spécialisé aux métiers de la métallurgie sont des pistes envisagées qui feraient tout à fait sens à côté d’un site préservé pour abriter un espace relatant le passé industriel de ce bassin.

Il serait terrible que ce site soit, demain, faute de moyens, abandonné à des investisseurs ayant des projets déconnectés de l’histoire du territoire. Les collectivités locales ont montré, avec la concrétisation du projet de la rénovation de l’avenue, leur capacité à mêler ambition esthétique, historique et économique.

Il est évident que la fermeture définitive de l’usine impose un élargissement de leur réflexion et un accompagnement plus important de la Région sur un projet à même de jeter les bases d’un nouveau départ économique pour ce territoire.Il est évident que la fermeture définitive de l’usine impose un élargissement de leur réflexion et un accompagnement plus important de la Région sur un projet à même de jeter les bases d’un nouveau départ économique pour ce territoire.Les hasardeux investissements des différents repreneurs de l’usine qui se sont succédé durant 30 ans ont suffisamment pénalisé le bassin fumélois.

La Région a aujourd’hui l’opportunité de se positionner en partenaire privilégié des collectivités locales concernées pour éviter qu’un pareil scénario se répète. C’est une chance à saisir pour tous les acteurs de ce dossier.

C’est pourquoi, aujourd’hui, la Région prend trois engagements forts :

  1. Elle décide de tout mettre en oeuvre pour accompagner décemment les 38 employés licenciés le 4 juin dernier, financièrement et en matière de formation, comme l’ont été les précédentes victimes des plans successifs.
  2. Elle copilotera avec Fumel-Vallée du Lot et la Ville de Fumel tous les projets de reconversion du site qu’ils soient orientés vers le tourisme, la culture, l’éducation ou l’économie.
  3. Elle apportera un soutien financier fort que seule une Région détient aujourd’hui afin de redessiner un site qui deviendra un « lieu de vie » pour l’ensemble d’un territoire « en retournement » tout en préservant et en gardant intacts les symboles de ce passé industriel qui ont marqué, dans leur histoire et dans leur chair, plusieurs générations d’habitants du Fumélois.