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Aide au rebond pour la jeunesse - Claire Dutaret-bordagaray

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Monsieur le Président, Chers collègues,

Le constat dramatique est partagé par tous ici : le nombre d'étudiants ne pouvant plus avoir recours à un emploi pour subvenir à leurs besoins durant leurs études est alarmant. Il ne s'agit pas seulement de satisfaire leurs besoins alimentaires mais aussi de pouvoir payer leur logement, les différents frais inhérents à leur vie étudiante, achats de matériel, abonnements, mensualité de crédits, et j'en passe... De nombreux jeunes sont condamnés à rester ou à revenir au domicile familial. Et encore, pour ceux qui le peuvent ! Pour d’autres, la rue n’est malheureusement plus très loin.

Cette situation mérite une attention d’autant plus forte que la démographie de la Nouvelle-Aquitaine tend fortement vers les âges plus avancés de la vie. Aussi, la vitalité et l’engagement des personnes jeunes possède une importance économique, sociale majeure. Elle comporte une portée politique et démocratique de premier ordre.

Dès lors, il apparaît vital de voter en faveur de cette délibération qui est un 1er pas en faveur de la jeunesse mais qui semble quelque peu insuffisante.

En effet, les stigmates de cette crise seront profonds. Pouvons-nous, nous, pouvoirs publics, nous collectivité, nous Conseil Régional, en limiter l’ampleur, sans renoncer à donner des perspectives de long terme ?

Sur l’urgence, la délibération qui nous est soumise répond sur trois volets 

  • l’aide alimentaire par la distribution d’un panier repas. Nous voterons évidemment pour.
  • l’aide à l’achat d’équipement informatique et numérique. Nous l’approuvons là encore mais pour sa motivation : donner un accès à l’information. Les modalités de mise en œuvre gagneraient en qualité par un travail de précision.
  • l’aide à la culture au sein des établissements d’enseignement. Nous acceptons cette proposition, mais avec une exigence de clarté sur sa mise en œuvre.

Plus largement, nous souhaitons que ces mesures fassent l’objet d’une évaluation claire, précise, ouverte et transparente. Il y a là une opportunité de progrès dans la fabrique des politiques publiques en Nouvelle-Aquitaine. Il y a là une responsabilité politique, financière et morale pour l’avenir, pour les jeunes de demain.

Mais il nous semble qu’il faut aller plus loin car l'impact de la crise sanitaire sur la jeunesse nous semble plus profond que ce que votre texte laisse entendre. Le travail des associations pour les jeunes est inouï et remarquable. Nous devrions tous les applaudir ! Pour autant, nous ne devons pas cantonner les personnes jeunes à la dégradation continue de leurs espoirs et de leur statut. Pensez-vous vraiment que tous franchiront sans difficulté les portes d’un Resto du coeur ? Il nous semble opportun de pousser l’action au-delà de ce qui est proposé, en sollicitant et renforçant tous les canaux possibles. Nous ne devons pas laisser en marge tous ceux qui, ayant perdu leur travail leur permettant de subvenir à toutes leurs charges durant leurs études, ceux qui n'osent pas se diriger vers les associations caritatives, ou autres associations et qui tombent dans une spirale infernale, accroissant une souffrance psychologique déjà bien présente en raison de la pandémie.

Aussi, souhaitons-nous pousser notre réflexion au-delà de la délibération proposée.

  • En effet, l’assemblée régionale pourrait-elle et accepterait-elle de déployer une aide plus personnelle prenant en compte la perte et les besoins réels des étudiants et jeunes professionnels ? L’aide gouvernementale, versée en une fois, est non renouvelable. Or, elle est insuffisante. Il n’appartient certes pas aux régions d’empiéter sur les compétences de l’État ni d’assumer ses dépenses. Mais lorsque la misère frappe en trombe à la porte, devons-nous d’abord consulter le manuel du savoir-vivre ? Peut-être, pourrions-nous nous inspirer des récents dispositifs d’aides aux entreprises, sportifs, association, par la création d’une plate-forme recueillant les différentes demandes des étudiants et étudiées en fonction des besoins et pertes liés à la Covid19 via un formulaire en ligne? Le Crous, la CAF, la MSA sont-ils et pourraient-ils être mieux mobilisés pour permettre la diffusion de ces aides ?

La crise doit aussi nous conduire à regarder autrement notre travail et à ne jamais oublier le long terme. Nous ne devons jamais nous habituer à identifier jeunesse et précarité.

  • À ce titre, nous souhaitons garder en tête les récents propos de la présidente du Forum européen de la Jeunesse : Nous demandons aux dirigeants européens de ne pas répéter les erreurs de la crise financière, mais d’investir dans un avenir durable pour les jeunes ainsi que dans des emplois de qualité. Gardons en tête notre volonté commune de permettre à chacun de trouver un emploi de qualité. Dans ce contexte, Président, chers collègues, les dispositifs de commande publique, DSP et marchés publics, dans notre région et au sein de notre collectivité, pourraient-ils devenir un atout supplémentaire pour l’emploi des publics jeunes ?  Pourrions-nous par exemple réfléchir à la mise en place de critères adaptés ?
  • Nous croyons par ailleurs que les publics jeunes ne doivent pas être empêchés de participer à la construction de leur avenir. Tout au contraire. Aussi, nous aimerions dans un premier temps avoir une vision claire, un document de synthèse sur les politiques impactant directement les publics et citoyens jeunes. Ce document pourrait nous donner l’état des lieux de nos actions en matière de transports, d’emploi et de tous domaines d’intervention… Pour chacun des dispositifs, pourrez-vous nous dire dans quel est son niveau d’activation ? Ce travail pourrait servir de socle ou de préalable à une réflexion visant à la création d’un Conseil régional des jeunes en Nouvelle Aquitaine.

À travers ces réflexions, vous pourrez constater que nos amis centristes n’ont pas le monopole du « Oui…Mais ». Cette évocation du président Giscard d’Estaing n’est pas neutre. Il a été un promoteur reconnu de la jeunesse et de ses droits. Nous tenons aujourd’hui à lui rendre hommage.

Je vous remercie.