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Règlement d'intervention en faveur du sport - Pierre Durand

(voir la vidéo)

 Monsieur le Président, chers collègues,

Le sport condense tout et ne peut être limité aux seules pratiques d’activité physique ou sportive. Le sport est effet en résonance avec la plupart des défis sociétaux : défits éducatifs, d’égalité et d’insertion mais aussi avec des questions de santé et d’économie.

L’avantage avec le sport c’est qu’il est fédérateur.

Le sport représente par l’importance de ses pratiquants, des licenciés, des clubs associatifs, des bénévoles, des fédérations sportives, le premier corps social organisé de notre pays, pour reprendre une formule chère à Marc Lemercier.

Il est regrettable toutefois, que le sport soit toujours la variable d’ajustement des budgets de l’Etat (0.14%) ou des collectivités (Nouvelle-Aquitaine = 0.11% soit 35M€), mais pire soit oublié quand il s’agit de lui donner une place dans un véritable projet politique transversal.

Avec la candidature de Paris à l’organisation des JO et des Jeux Paralympiques de 2024 qui est en très bonne voie d’être retenue, un espoir de voir « booster »nos politiques publiques se présente à nous.

C’est dans ce contexte que nous allons voter aujourd’hui ce Règlement d’intervention pour le sport qui nous est présenté et qui a fait l’objet en amont de discussions tout à fait positives, au point que bon nombre de nos demandes ont été intégrées au texte. Je veux donc ici remercier Nathalie Lanzi pour sa qualité d’écoute mais également Marc Lemercier pour avoir su les intégrer et les trasuire de façon explicite et consensuel.

Notre groupe a insisté sur les enjeux de la pratique du sport en entreprise surtout au niveau des TPE et des PME parce que cela participe du bien être au travail, de la bonne santé en luttant notamment contre les effets de la sédentarité, mais aussi de la féminisation de la pratique sportive, du bien vivre ensemble en s’avérant un outil efficace de ressources humaines, sans oublier une meilleure productivité des salaires. Le sport en entreprise n’avait pas trouvé sa place dans la première mouture du RI et cela eut été dommage de ne pas le prendre en considération car vu sous cet angle, le sport est en parfaite adéquation avec le renforcement de la compétence des régions en matière économique.

De même nous avons été entendus sur la formation des bénévoles, surtout ceux que l’on appelle les bénévoles responsables aux manettes des clubs. Ils sont noyés par la paperasse et souvent sans réponse face à certains comportements ou à de nouveaux phénomènes qui constituent autant d’atteintes insidieuses ou de menaces sournoises à la cohérence sociale. Il est tant que le sport retrouve sa vocation éducative.

Aussi, nous avons fait part de notre inquiétude face au prosélytisme religieux qui trouve un terreau favorable dans les vestiaires des clubs sportifs et sur les terrains de sport. Ce phénomène est réel et ne fait que s’étendre silencieusement.

Oui, le sport est confronté au défi de la radicalisation.

Or, ne pas ouvrir les yeux sur ce qui n’est plus un fantasme et ne pas s’emparer de ce sujet sensible, c’est l’encourager.

Il faut être vigilant et lutter contres toutes les formes de prosélytisme, même légères, surtout que jusqu’à présent le sport est considéré comme un vecteur de mixité sociale et un espace d’humanisme et de fraternité.

Nos jeunes ne doivent pas être la proie de prédicateurs qui savent conditionner des esprits naïfs d’autant plus facilement qu’il se servent de la notion du jeun qui caractérise le sport. Cette question doit être abordée sans stigmatisation, avec calme et méthode.

Nous sommes satisfaits également d’avoir été entendus afin que de nouveaux liens se tissent entre l’école, pour nous les lycées, et les clubs sportifs. Un trop grand fossé culturel s’est ouvert depuis les années 80 et le basculement des professeurs d’EPS dans le giron de l’Education Nationale. Agir à un rapprochement, c’est du gagnant/gagnant !

Autres aspects du Règlement d’Intervention qui nous conduisent à appeler votre attention ou à émettre des propositions, voire à ouvrir une vraie réflexion. Ainsi le sport pro doit il être financé par l’argent public ? Pourquoi en effet continuer à subventionner les modèles économiques des clubs pros alors qu’ils sont fragiles, pour ne pas dire déficitaires de façon endémique. D’autres voies peuvent être explorer pour conduire dans la durée ces clubs à devenir autonomes et davantage responsables devant leur compte de résultats. On ne peux pas considérer que l’on fasse un bon emploi de l’aide publique même en finançant les centres de formation desquels ne sortent que trop rarement des joueurs régionaux susceptibles de figurer sur la feuille de match en équipe première ? Si c’est pour payer les salaires confortables de joueurs mercenaires étrangers qui jouent au détriment de nos jeunes joueurs au point, par exemple que le rugby, l’Equipe de France n’a jamais été aussi stérile (dixit B Laporte), il faut envisager d’autres formes de soutien. Et le rayonnement de la Région y gagne bien peu de choses, les clubs pros étant toujours associés prioritairement en terme d’image à leur ville. Le débat là aussi mérite d’être ouvert pour se servir pleinement de cette mandature afin de réorienter les choses.

Cela, nous renvoi d’ailleurs à l’évaluation des actions que nous soutenons dans le sport. Pour que cette évaluation des résultats soit pertinente afin de corriger nos choix, encore faut-il qu’elle soit professionnelle, exigeante et indépendante.

La création sous forme ou sous une autre d’un outil opératinnel d’évaluation (Agence ?) doit figurer parmi nos priorité? C’est de cette manière rationnelle que les anglais, en dehors des dix premières nations à l’issue du bilan des JO d’Atlanta en 1996, sont devenus le 2ème pays des JO de Rio au nombre de médailles, là où la France stagne depuis vingt ans entre le 5ème et le 7ème rang.

Une dernière observation qui n’aura échappé à personne. Depuis 2016, la Région est propriétaire de deux CREPS, ceux de Poitiers et de Talence. Ces CREPS dont on finance dans une grande proportion les dépenses d’investissement, les rémunérations des personnels et le fonctionnement courant, exécutent des missions dans les secteurs de la formation aux métiers du sport, de l’accompagnement des sportifs régionaux, du sport pour tous et de la santé mais aussi de la jeunesse et de l’éducation populaire.

Cette situation est nouvelle et je ne suis pas certain que toutes ses conséquences aient été prises en considération dans le RI où quelques doublons sont à recenser. Attention donc à ne pas financer deux fois les mêmes actions !

Je vous remercie.

« seul le prononcé fait foi »