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Aide au secteur associatif et économique - COVID 19 - Sylvie Durruty

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Monsieur le Président, mes chers collègues,

Nous aurions tous voulu éviter d’avoir à voter ce nouveau plan d’urgence à quelques semaines des fêtes de Noël. Un plan qui vient compléter les aides de l’Etat accordées aux entreprises touchées de plein fouet par cette seconde vague.

Des aides vitales, indispensables dont on sait qu’elles ne seront pas suffisantes pour certains, confrontés, par exemple, à des échéances de stock très importantes en cette période de l’année.

Parlons aussi de la transformation numérique dont nous savions tous la nécessité mais que ce second confinement aura le mérite d’accélérer car ce saut est désormais vital pour nos commerçants.

Notre retour d’expérience à Bayonne pourra peut-être servir d’exemple ce matin. Il est vrai que nous avons un contexte favorable avec le premier office de commerce lancé en France il y a plus de 20 ans, 7 associations de commerçants actives, près de 1000 commerces, 6000 emplois et une véritable dynamique commerciale.

Notre expérience - à peine 20 jours après la fermeture des commerces non essentiels - montre que seul l’engagement de tous peut permettre de sauter ce grand pas. Nous avons ainsi, dès le 6 novembre, lancé notre place de marché développée localement par Trezam, une jeune startup du Pays Basque. Nous sommes passés en une semaine de 30 commerçants connectés à plus de 110 aujourd’hui.  Certains s’y sont lancés à bras le corps avec beaucoup d’agilité mais au-delà du chèque de 500 euros proposé ce matin, l’essentiel est de les accompagner, les guider, … et sur ce point nous avons tous notre rôle à jouer en unissant nos forces, en jouant groupés. Pour illustrer mes propos, pour pallier à l’urgence un groupe de 10 agents volontaires du service événementiel de la ville de Bayonne a été formé pour renforcer les moyens de notre prestataire et être sur le terrain. Mais, mes chers collègues la réalité derrière ce beau challenge est parfois toute autre et je veux citer l’exemple de cette restauratrice de 60 ans croisée hier dans la rue qui m’avouait avec pudeur « C’est dur. Je m’accroche avec la vente à emporter mais à 60 ans, avec tous mes soucis, je ne suis pas capable de me mettre à Instagram. J’ai payé quelqu’un pour des photos mais je ne peux pas payer encore pour être aidée …».

Alors, Monsieur le Président, plutôt qu’égrener ce matin un à un les dispositifs proposés notre groupe souhaite, par ma voix, que nous portions tous durant ces 4 minutes de parole notre regard sur la vraie réalité de nos entreprises de Nouvelle Aquitaine en ces temps troubles et particulièrement complexes. Arrêtons nos téléphones, ordinateurs et autres objets connectés pour ensemble nous associer à ce que vivent nos entrepreneurs qu’ils soient capitaines d’industrie, patrons de TPE, commerçants, restaurateurs, artisans ou freelance…

 Cette réalité dont on ne parle pas assez et dont j’ai, ce matin, besoin et envie de vous parler.  Ces exemples d’entreprises laissées dans l’ombre, toutes ces femmes et ces hommes dont la vocation est d’entreprendre, de créer, d’innover, de commercialiser, … nos TPE, PME, dont la situation est la plus fragile, et qui voient leur survie dépendre de l’argent public… Et la question que nous nous posons tous : la mise sous perfusion de pans entiers de l’économie française est-elle sans limite ? Où va-t-elle nous mener ?

Actuellement nos chefs d’entreprises sont capables de s’adapter au changement, ils nous le montrent tous les jours sur le terrain. Ils se mobilisent sans compter, se battent pour avancer, ne pas sombrer. Certains, plus chanceux sont peu touchés et profitent même d’effets d’aubaines liés à la crise. Il faut s’en féliciter. D’autres secteurs sont plus durablement impactés, comme le tourisme, la restauration, la culture, ...

Mais, globalement, la plupart de nos entrepreneurs sont frappés de plein fouet par cette seconde vague et oscillent entre tristesse et solidarité, déprime et résistance, fragilité et espérance.

Même chez les plus optimistes, le blues du confinement n’est souvent pas très loin et beaucoup n’ont pas envie d’être dépendants d’aides de l’Etat ou de nos collectivités comme ils le sont aujourd’hui.

Nos collectivités multiplient les aides, les crédits, les avances et les reports de paiement pour soutenir l’économie et mobilisent des ressources financières, inimaginables il y a peu, pour éviter les défaillances des entreprises.

Mais, lorsque l’on regarde le nombre d’entreprises bénéficiant de ces aides, cela interroge. Nombre d’entrepreneurs ont du mal à se retrouver dans ce qui peut parfois apparaître une véritable jungle des aides.  

Reconnaissons-le, les systèmes d’attribution sont complexes, parfois inaccessibles. Ces aides ne correspondent pas toujours à la réalité du préjudice. Le décalage entre le besoin et le temps d’attribution n’est pas toujours compatible avec la situation de certains. Mais, finalement, combien d’entre nous présents ici ce matin ont rempli l’un de ces dossiers ? Une toute petite minorité …La réalité, c’est 15% d’entreprises bénéficiaires de PGE avec clairement un durcissement des attributions par les banques qui ne semblent pas pour certaines avoir compris que dans PGE, GE signifie bien « Garanti par l’Etat » … Alors, si vous évoquez la possibilité de médiation par la Banque de France, je vous répondrai que ce pas n’est pas évident à franchir…

Pour terminer, chers collègues, c’est surtout l’avenir qui interroge car la crise sanitaire aura un impact majeur et à long terme sur notre économie.

Trois facteurs seront décisifs : l’ampleur du choc économique provoqué, la résilience dont aura fait preuve notre économie régionale et surtout, les conséquences sur l’Après. Et c’est sur cet Après, qu’il nous faut d’ores et déjà être mobilisés y compris dans nos choix budgétaires. Rechercher toujours plus de cohérence dans notre action et s’interroger sur l’articulation de ces mesures avec le plan de relance.

La question est bien sûr de savoir ce que nous, politiques, devons faire pour favoriser une reprise de la croissance ? Il nous faut apprendre à vivre durablement avec le virus et que chacun mesure encore mieux le rôle qu’il peut jouer, tant sur le plan sanitaire qu’économique.

Alors, oui, nous devons tous demeurer optimistes, mais d’un optimisme réaliste.  Car le principal carburant de la vie économique, c’est bien la confiance…

Je vous remercie pour votre attention et vous confirme que notre groupe Les Républicains votera pour cette délibération.