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Schéma d'aménagement du territoire - Guillaume Guérin

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 Ce schéma, qui doit permettre d’offrir de nouvelles perspectives de développement et de conditions de vie à l’ensemble des habitants de Nouvelle-Aquitaine, présente l’opportunité pour l’ensemble de ses acteurs, de repenser la politique d’aménagement du territoire au profit de l’aménagement de SES territoires.

L’enjeu de développement de notre nouvelle région ne s’inscrit plus dans une politique d’aménagement simplement redistributive et essentiellement réparatrice des crises que subissent les territoires. Ce schéma, élaboré à l’échelle régionale et donc régi par des enjeux non plus nationaux mais locaux, doit tout au contraire impulser et accompagner une stratégie territoriale forte, bénéfique à tous et fondée sur la réciprocité des échanges et des dynamiques de développement.

En approfondissant les premières photographies du portrait socio-économique dressé par Pierre Delfaud, la Région Nouvelle Aquitaine se révèle tricéphale, composée d’une métropole bordelaise point de concentration et convergence des enjeux régionaux, d’un front littoral fortement soumis à des tensions et pressions démographiques et économiques et enfin un grand nort-est de la région où seules les principales aires urbaines affichent des indicateurs de développement positif.

En effet, le cœur de vie bordelais, locomotive de la région d’un point de vue économique et d’image reste fortement attractif (attractivité notamment illustrée par les récents arrivants  « LGV » attirés par une meilleure qualité de vie), mais laisse également apparaitre les premières failles des grandes villes tentaculaires, concernant l’emballement du prix de l’immobilier, une congestion des déplacements malgré des efforts importants de rationalisation, une qualité de l’air en déclin.

Sur le front littoral se profile un phénomène identique de concentration de la population et de l’habitat qui pourrait devenir à terme fortement préjudiciable à la qualité de vie recherchée par de nouveaux arrivants et à une certaine idée du développement durable de ce pan de la région pourtant très fragile.

Face à ce processus galopant, et si cette dynamique du « laisser aller » devait se poursuivre, nous assisterons au déclin programmé de tout un pan aujourd’hui valorisant et attractif de notre territoire, sans avoir su en préserver les attraits et surtout pu en maitriser le caractère durable et vivable. A l’heure où toutes les grandes métropoles européennes (et mondiales) cherchent une nouvelle qualité de vie à prix désormais inaccessible (le Grand Paris végétal). Tandis que les autres parties du territoire régional, à la fois enclavées mais aussi relativement proches de la métropole phare (à environ deux heures de Bordeaux pour les plus éloignées), pourraient s’affaiblir tant d’un point de vue économique que démographique, alors que paradoxalement, elles profitent d’une qualité de vie préservées, d’un développement maitrisé de leurs aires urbaines,

* « De l’aménagement du territoire au ménagement des territoires » tel aurait dû, tel aurait pu être le crédo de ce SRADDET !

Le projet que nous devons construire doit s’appuyer sur une mise en système des territoires, non pour travailler sur un supposé rééquilibrage sans espoir et à grands frais au profit de secteurs moins attractifs, non pour désenclaver par équité, et non sur l’autel d’une solidarité des territoires, mais davantage par souci de préservation d’une des plus grandes richesses dont profite l’ensemble de notre région celui de l’image qualitative que nous portons tous autour de l’agrément de vie.

Vous le savez les documents de planification stratégique produits par la Métropole de Bordeaux affichaient, il y a encore quelques années, des ambitions très fortes en termes de développement.

La construction de 80km de TC lourds avec des hypothèses de report modal massif de la voiture particulière sur les TC pour stabiliser le nombre de déplacements automobiles et tenter d’éviter la saturation de la rocade Est qui reste d’actualité, l’acceptation d’une forte densité de l’habitat pour préserver 50% d’espaces naturels… [ Bref un investissement massif du territoire, avec un risque d’une dégradation de son taux d’épargne net dans un contexte de stabilisé de la dette publique.]

A l’échelle régionale la tentation d’arrimer le développement de la Nouvelle-Aquitaine au développement de la Métropole bordelaise pouvait raisonnablement inquiéter les autres territoires régionaux relégués dans le modèle de développement modélisé à des territoires amenés à survivre de transferts sociaux stabilisés par une croissance métropolitaine extérieure. Même si la métropole s’en défend son tropisme confirme cette tendance naturelle.

Nous estimons et cette vision est de plus en plus partagée / les élus métropolitains, qu’une autre voie est possible,d’ores et déjà engagée par Nicolas Florian et ses collègues, qui viserait à consolider et développer un système métropolitain polycentrique, reposant sur un maillage urbain équilibré et sur la mise en synergie et en réseau des territoires d’emploi métropolitain, dans lequel la Région Nouvelle Aquitaine aurait toute sa place d’animateur. Les zones d’emploi de Pau, Limoges, Poitiers, Bayonne, Niort et La Rochelle jouent également un rôle non négligeable dans l’encadrement d’un territoire rural plus vaste qui déborde parfois du cadre régional qu’il s’agit lui aussi de ne pas fragiliser.

Or ce SRADDET constitue un document pivot qui devrait permettre à notre nouvelle Région de se construire. Ce document devrait dépasser le cadre actuel d’un simple regroupement de territoires à des fins d’optimisations financières publiques (très loin d’être effectives Cf rapport cour des Comptes). Il avait pour objectif de donner l’ambition que nous attendons du sens réel à donner à cette NOUVELLE AQUITAINE.

Quid d’ailleurs du lien avec le dispositif Neo Terra voté récemment en grande pompe?

Si nous sommes conscients qu’un travail technique colossal a eu lieu sur ce document, si ce dernier globalement convient aux élus de la métropole bordelaise qui ont vu leurs amendements retenus au cours des différentes concertations. Ils voteront d’ailleurs POUR ce SRADDET.

Il n’en est pas de même pour un certain nombre d’élus du territoire qui considèrent qu’en la matière le compte n’y est pas. Le sentiment de déclassement des territoires ruraux périphériques est palpable. L’absence d’un véritable plan d’aménagement, notamment sur l’irrigation routière du territoire, fait encore ici cruellement défaut. L’absence de contractualisation directe avec les EPCI ruraux ou encore l’artificialisation des terres agricoles inquiètent nombre d’élus et d’acteurs locaux sans parler d’un déploiement anarchique de l’éolien sur toute une partie de notre territoire !

Dans un autre registre tout aussi inquiétant le caractère interprétatif de ce SRADDET avec la question de l’édition d’un manuel d’interprétation nous laisse songeur. Que cela signifie-t-il ? Cela signifie-t-il un risque non négligeable d’interprétation des nuances ? Sur quoi par exemple portera l’obligation de conformité ?

Pour nous il y a donc réellement un risque d’interprétation qui ouvre les portes à des recours divers et variés et nos SCOT risquent de s’en trouver fragilisés …

Pour toutes ces raisons et dans un esprit de respect des perceptions et de ressentis territoriaux, la liberté de vote sera la règle au sein de notre groupe !

Si nous avions toutefois un vœu à formuler le girondin que vous êtes aurait tout intérêt à associer les différents acteurs à ses modalités de mise en œuvre et à son suivi.

Il ne faudrait pas, il serait dommageable que le SRADDET se résume à une boite noire administrée par le seul exécutif régional !