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Budget Supplémentaire 2018 Agriculture - Véronique Laprée

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Monsieur le Président,

Face aux défis de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles, je voudrais tout d'abord saluer la mise en place de ce nouvel outil pour soutenir l'investissement en agriculture sous la forme d'un fonds de garantie publique qui pourra même venir compléter le dispositif PCAE.

Suite aux baisses des aides de l’État dans plusieurs domaines, notamment aux Agences de l'Eau, ainsi que la région impactée par la baisse du FEADER , on voit très nettement une évolution des aides sous forme de prêt plutôt que des aides directes, ce qui ne serait pas un soucis bien au contraire si les agriculteurs étaient payés au juste prix rémunérateur pour leurs productions et leur travail. Or le contexte des marchés mondiaux, des achats par la grande distribution et les industries agroalimentaires n'est pas favorable. Les importations de produits bas de gamme qui menacent nos filières soumises à des réglementations très strictes ne vont pas dans le bon sens ni pour l'agriculteur ni pour le consommateur.

L'agriculture est un secteur économique non négligeable, qui pèse dans la balance commerciale de notre pays et qui de surcroit nous nourrit. Lorsque l'on souhaite accélérer le développement de l'agriculture, sa compétitivité par l'innovation, la recherche, favoriser les installations, continuer les grandes et ambitieuses évolutions environnementales, toutes les catastrophes climatiques que nous venons de subir risquent de mettre à mal tous ces projets. Même si des mesures d'accompagnement ont été proposées par l'administration, ce ne sont que des reports, des prêts à rembourser, qui ne feront que décaler, reporter le problème à plus tard et qui au final finiront par anéantir des projets vitaux pour les exploitations, voir détruire les exploitations elles-mêmes.

Il en va de même pour toutes les entreprises, commerces, équipements, pour les particuliers qui ont subi les inondations, la grêle, toutes ces calamités qui ont impacté et traumatisé durablement les habitants de notre Région, je soutiendrai (nous soutiendrons) la création d'un Fonds Régional d'Urgence Inondation FRUI, proposé par nos collègues du MODEM.

N'oublions jamais que les agriculteurs sont des entrepreneurs, des chefs d'entreprises capables de s'adapter à à peu près tout, mais qui, avec un contexte économique difficile, des contraintes toujours plus lourdes, des difficultés à mettre en route des projets innovants, des complications voir des impossibilités de faire des réserves d'eau pour assurer les récoltes, des trésoreries mises à mal par tous ces retards de paiements (aides PAC, assurance récolte, MAE qui n'ont pas été payées depuis 2015/2016) , se retrouvent confrontés aux plus grandes difficultés et quand en plus la météo s'en mêle !

Le manque de renouvellement des générations doit aussi nous interpeller, posons-nous les bonnes questions quand certains lycées et CFA voient leurs effectifs diminuer d'année en année et que la fermeture de leur établissement se profile à l'horizon.

Pourquoi les jeunes n'ont-ils plus envie d'exercer ce métier?

- trop d'heures de travail, une baisse inexorable des aides, parfois pas de rémunération (le revenu agricole est très inférieur à celui des autres catégories socio professionnelles)?

- trop de contraintes pour aussi peu de reconnaissance ?

- des formations obligatoires et nécessaires mais qui au final ne sont pas reconnues ni valorisées ?

- le côté humain, la souffrance morale face aux critiques et au matraquage médiatique ?

- le mépris de nos gouvernants, les distorsions de concurrence, des efforts battus en brèche par des produits venus d'ailleurs, non conformes aux normes françaises

Si le Gouvernement se moque de nos territoires ruraux, au moins que la Région aide et protège ceux qui nous nourrissent et entretiennent nos paysages, qu'ils puissent continuer à produire pour assurer une grande diversité dans l'offre aux consommateurs, qu'ils aient le choix dans leur cultures et leurs assolements, pour maintenir et développer la richesse et l'attractivité de nos territoires.