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Budget 2019 - Aménagement du territoire - Philippe Rabit

(voir la vidéo)

La crise des Gilets Jaunes que nous vivons interpelle bien sur chacun d’entre nous et nous y apportons chacun nos réponses en conscience.

Elle doit aussi interpeller l’institution régionale que nous représentions au niveau qui est le notre et dans le cadre de nos compétences.

Car cette colère protéiforme va bien au-delà des problèmes de pouvoir d’achat. Elle traduit une fracture profonde dans notre pays. Ce combat de la France qui souffre est bien sur légitime pour autant qu’il s’inscrive dans le respect de nos institutions et s’exerce sans violence. C’est dans ce cadre qu’il est respectable et qu’il doit être respecté.

Sur la hausse des carburants, Virginie Calmels a réitéré une proposition que nous vous avions déjà faite et il vous appartient d’y répondre.

Mon propos est simple. La situation inédite que nous vivons n’aurait-elle pas justifiée, de revoir l’architecture du budget 2019 et d’en retravailler certaines des masses par des arbitrages courageux et pertinents.

La réponse est évidemment oui notamment sur l’aménagement du territoire qui est l’un des parents pauvres de ce budget nous le déplorons.

Or, la France qui s’exprime aujourd’hui, c’est celle de la France périphérique, de celle des invisibles, de celle du déclassement, de ceux qui voient progressivement disparaitre services publics, infrastructures de transports et j’en passe. Bref c’est l’expression d’une fracture profonde entre une France qui vit bien et une autre qui ne s’en sort plus suivant que l’on appartient à tel ou tel territoire.

Or, l’aménagement du territoire c’est le levier pour répondre au sentiment de déclassement, pour réduire les écarts, pour améliorer la vie quotidienne des français en corrigeant les déséquilibres dont souffrent les populations les plus fragiles.

C’est aussi permettre à chacun de pouvoir se déplacer facilement pour le travail, l’école, la santé ou les courses, d’avoir accès partout à un logement décent, respectueux de l’environnement, c’est aussi une politique de la ville volontariste et qui s’attaque de manière égale aux vrais problèmes d’exclusion.

Bref l’aménagement du territoire c’est l’ADN d’une politique économique et sociale plus juste et équilibrée.

Mr le Président avez-vous comme nous entendu cet appel monté de nos territoires même si je le reconnais, vous n’êtes pas vraiment responsable de cette situation.

Pourtant vous avez, nous avons, le pouvoir d’apporter nos réponses au niveau qui est le notre à une situation que nous ne pouvons pas ignorer. Or, en regardant ce projet de budget permettez-moi de vous dire que vous n’êtes déjà pas au rendez-vous mais que le compte n’y est pas au regard des revendications qui remontent des Français.

D’abord, l’aménagement du territoire ne dispose que d’un budget modeste de 11,5 millions d’euros en baisse en fonctionnement de 1,7% alors que c’est une des compétences structurantes de la région.

Le budget des petites villes moyennes baisse de 72% ceux de la politique de la ville de 11% et celle de l’habitat de 8,7%.

Pourquoi ces reculs alors que les besoins n’ont jamais été aussi grands.

Et ce désengagement n’est pas nouveau. Il date de 2016 avec des baisses pouvant aller jusqu’à 96%.

Sur l’investissement certains budgets sont en hausse mais beaucoup trop de baisse :

-les villes moyennes : -9%

- les infrastructures de transport : -2%

- les transports de voyageurs : -33%

- les routes : -25%. Ne croyez vous pas pourtant que la 147 ou la 149 toujours pas réglés ne participent pas de cette désespérance et de ce déclassement ?

Sur la politique contractuelle, c’est toujours la peau de chagrin avec une baisse de 3 millions d’euros soit moins de 12% par rapport au BP 2018. Pourtant après l’arrêt brutal du FRIL n’y a-t-il pas urgence à répondre à ces territoires les plus fragiles. Sur les 52 contrats de territoire identifiés sur la région seuls 22 sont signés. Nous demandons sur le début de 2019 une accélération pour les 30 derniers contrats. Ce serait aussi une manière de répondre à la crise actuelle.

Au-delà des stricts problèmes de mobilité et d’écologie à l’origine de ce mouvement sans pareil, il nous faut envoyer un signal fort à tous ces territoires en détresse. Et c’est la raison pour laquelle nous demandons un vrai coup de pouce financier pour l’aménagement du territoire. Sans nécessairement changer les modalités.

Car il y a plein de bonnes idées comme ce bus itinérant services publics à Tonnay Charente qui répond à la disparition des services publics en milieu rural mais qu’il faudrait démultiplier.

Ou ce soutien financier à 8000 projets de création d’entreprises qui sur le principe est une bonne chose car c’est de la richesse pour demain mais qui, rapporté au budget représente en moyenne 750 euros par projet. C’est-à-dire quasiment rien.

Dans un autre registre, je regretterai pour ma part une fois encore le refus de la région d’entrer au capital de l’aéroport de Poitiers.

En conclusion, je suis convaincue que la gravité du moment doit exclure toute démagogie mais qu’elle impose une réponse forte dont nous sommes tous responsables. C’est ce que nous vous demandons. Ce serait, je crois notre modeste contribution à la redéfinition de notre contrat social et républicain et au maintien de l’unité de notre nation.